Les foires

Localisation :

Tours, Place Foire-le-Roi

Dates :

1545

État du batiment :

Détruit

Évènements festifs et commerciaux, les foires connaissent leur apogée dans le royaume au XIIIe siècle. Cependant, la question des foires tourangelles fait débat et oppose deux historiens spécialistes de l’histoire de  Tours, Eugène Giraudet et Bernard Chevalier.

Selon Eugène Giraudet, la ville comptait deux foires annuelles. L’une se tenait le 25 juillet, jour de la saint Christophe, et pour huit jours sur la place qui prendra plus tard le nom de Foire-le-Roi. L’autre avait lieu le 22 septembre, jour de la saint Maurice, pour la même durée, au carroi des Arcis, près du château de Tours, au carrefour des actuelles rues Lavoisiers, Colbert et Albert Thomas. La première avait fait sa spécialité des cuirs. La place Foire-le-Roi tiendrait son nom de la présence de la foire sur la place. Le roi Jean le Bon (1350-1364) décida d’imposer une taxe sur les produits qui étaient acheminés par bateau sur la Loire jusqu’au port de la place Foire-le-Roi en vue des foires pour financer les débuts de la guerre de Cent ans face aux Anglais. À partir de ce moment, la population commença à surnommer le lieu la Fère-le-Roi puis la Foire-le-Roi [Giraudet, 1883, p. 115].

Bernard Chevalier réfute les propos de Giraudet et se montre bien plus nuancé sur la présence et l’importance de ces foires dans la cité. Selon lui, à l’origine, la ville de Tours ne comptait pas 2 mais 4 foires. Deux d’entre elles avaient lieu en dehors de la ville et étaient organisées par des abbayes. La plus ancienne, qui vint remplacer un marché attesté en 1015, avait lieu à Saint-Symphorien, le jour de la Saint-Barthélemy (24 août) à l’initiative de l’abbaye de Marmoutier. La seconde, organisée par l’abbaye de Beaumont le 16 août, fut instaurée en 1205. Interrompue en 1356, cette foire refait surface à partir de 1482. Pour Bernard Chevalier, ces fêtes, bien qu’elles accueillent du commerce, sont davantage des espaces de célébration et de dévotion. Les deux autres foires sont celles cités par Giraudet. Cependant, la foire de la Saint-Maurice ne serait mentionnée qu’en 1372. Quant à celle de la Saint-Christophe, elle serait la seule qui présentait une importante marchande significative, suffisamment importante pour attirer des marchands navarrais, aragonais et normands. Cette foire de 15 jours était la seule à être une « foire le Roi » mais elle n’était pas organisée sur la place Foire-le-Roi mais à côté de Saint-Christophe-sur-le-Niais. L’enceinte de la cité aurait pu accueillir cet évènement mais uniquement entre 1358 et 1371, lorsque l’insécurité des routes nécessitait d’assurer la protection des marchands et des activités commerciales. Toutes allusions à cette foire disparaissent cependant dès la toute fin du XIVe siècle. La place Foire-le-Roi ne tiendrait, donc, pas son nom de l’organisation de la foire sur son site mais plutôt du débarquement des marchandises arrivées par la Loire à destination de Saint-Christophe-sur-le-Nais. Cependant, Chevalier reconnaît qu’une mention de 1471 indique que « ladite place [Foire-le-Roi] est de tout temps et d’ancienneté publique, desdiee et ordonnee a tenir deux foiz l’an la foire du roy » [Chevalier, 1983, p. 83-84].

Jusqu’à la fin du XVe siècle, l’histoire des foires de Tours reste donc assez nébuleuse. Il faut attendre la seconde moitié du XVIe siècle pour que des foires intramuros soient attestées. En 1545, à la demande de la municipalité, le roi François Ier concède à la ville deux foires franches dotées des mêmes privilèges que les foires de Lyon. La durée des foires fut allongée à quinze jours. L’une se déroulait du 8 au 22 mars et l’autre du 15 au 30 septembre [Catalogue des actes de François Ier, T. 4, p. 765]. Selon Auguste Chauvigné, la première était la foire Saint-Christophe. Installée place Foire-le-Roi, elle était notamment spécialisée dans la vente des cuirs. La seconde dite de la Saint-Maurice prenait place au carroi des Arcis et vendait principalement des tissus [Chauvigné, 1885, p. 10-11]. Ces foires furent successivement confirmées par les souverains suivants, en 1547, par Henri II, en 1560 par François II et en 1571 par Charles IX. Leur succès fut brutalement interrompu par l’arrivée d’un épisode particulièrement virulent de peste qui obligea les autorités municipales à fermer les foires en 1607 par mesure sanitaire [Chauvigné, 1885, p. 12].

 

Bibliographie

Chauvigné Auguste, Origine, importance et durée des anciennes foires de Tours : mémoire présenté au Congrès des sociétés savantes de la Sorbonne en 1885, Tours, Imprimerie Barbot-Berrruer, 1885.
Chevalier Bernard, Tours ville royale, 1356-1520, Chambray, C.L.D., 1983.
Giraudet Eugène, Histoire de la ville de Tours, Tome I, Tours, 1883.
Marichal Paul, François Ier, Catalogue des actes de François Ier, Tome 4, Paris, Imprimerie Nationale, 1890.


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